Chez Sonia, observations sur mon temps... et dans mon espace aussi

Remarques, observations à propos de ce que j'observe, de ma vie, de ce qui m'entoure, de mes expériences, à travers mes lunettes de Française devenue marocaine...

mercredi, mars 08, 2006

Ze post de la Journee Internationale de la Femme (finalement ;-)...)

Bon alors, qu'est-ce que je vais bien pouvoir vous dire sur la situation de la femme? J'ai lu quelque part aujourd'hui que le theme de cette annee etait: "Le role de la femme dans les prises de decision".

En ce qui me concerne, je vais simplement un peu vous raconter ma journee, ici en Egypte, de ce que j'ai pu observer. Deja au bureau, quand je demandais aux femmes si elles savaient pour aujourd'hui, eh bien, non, elles n'etaient pas au courant, ou vaguement. Quelle deception! Puis quand j'en parlais autour de moi, aussi bien aux femmes qu'aux hommes, on me demandait: "Ah oui? Eh bien, que faut-il faire?" Et j'y allais un peu de mon speech sur l'objectif d'une telle journee, sur les inegalites homme-femme, notamment sur le marche du travail, etc... Je precise que je n'ai pas passe ma journee a faire ca, car les resultats des premieres heures du matin m'ont vite demotivee.

Au final, une discussion, une seule, avec mon collegue de travail, quelqu'un de mon equipe en plus!, qui a aussitot attaque en me disant, d'un ton meprisant, que cette recherche egalite homme-femme etait debile, en me donnant comme exemple les femmes qui "defient" les hommes, simplement pour les defier, et notamment les femmes qui cherchent a etre mineurs (mineuses? euh... travailler dans une mine) ou sapeurs-pompiers. Tres vite la moutarde m'est montee au nez, avec un sentiment difficile a controler, vous savez, celui que vous observez dans les debats televises, quand quelqu'un se met a perdre son sang-froid, et alors toute discussion saine, rationnelle, respectueuse et aboutissant a quelque chose est perdue... Aussitot, une alarme rouge s'est allumee: Sonia, ne perds pas ton sang-froid, c'est pas grave, calme-toi, analyse et reponds rationnellement. Parce que sinon, on tombe encore une fois dans ce p***** de choc des cultures et "des ignorances" aussi selon le mot de Chirac, dernierement, en Arabie Saoudite. Surtout que c'etait un gros poisson: ce collegue a ete eleve en Arabie Saoudite jusqu'a l'age de 18 ans! (je plaisante, la question n'est pas la, je rigole bien avec ce collegue en general, mais c'etait important de desamorcer la situation). Bref, finalement je lui explique qu'il prend un exemple mineur (egalite sur les plans physiques entre hommes et femmes, ce qui statistiquement et scientifiquement n'est pas atteignable, a l'echelle de l'ensemble d'une population) pour refuser une idee noble, sans compter que si des femmes veulent etre mineurs ou sapeurs pompiers, si elles remplissent les criteres requis, eh bien, ou est le probleme? Il les a trouvees nulles, ces femmes, mais bon, c'est leur choix ai-je repondu. Et j'ai aussitot enchaine sur la question du principe de choix individuel, du poids social du role de la femme, habituellement cantonne a etre mere et epouse, des salaires 30% inferieurs, de ce que ca engendrait aussi comme droits a obtenir pour les hommes en contre-partie, etc... Ca va, je dois dire que j'etais assez fiere de ma prise en main de la situation, aussi bien sur le contenu que sur la forme.

Je fais une digression sur les femmes au foyer, pour ne citer qu'elles, et toutes les femmes qui ne combattent pas formellement pour l'egalite homme-femme. Souvent, dans les combats feministes, emancipation de la femme, et aussi atteinte de l'objectif egalite homme-femme est synonyme d'independance, notamment financiere, de participation a la vie active, de capacite a se prendre en charge toute seule, de participation aux decisions qui la concernent, etc... En consequence, certaines formes de feminisme, denigrent ces femmes-la, car elles representeraient ce manque d'emancipation a combattre, surtout quand ces femmes sont en plus (blaspheme!) contentes de leur sort. Je voudrais ecrire ici que la liberte de la femme est d'abord son libre-arbitre, et que tant que la situation de femme au foyer est consentie et voulue, eh bien, a mes yeux il n'y a pas lieu de denigrer ces femmes qui sont heureuses d'etre femmes au foyer. Vous me repondrez que la pression sociale poussent de nombreuses femmes a etre femmes au foyer, qu'elles n'ont pas le choix, que la limite entre liberte individuelle et pression sociale est floue, et que statistiquement, le libre-arbitre de la femme est correllee a sa capacite a etre financierement independante. Je suis tout a fait d'accord sur tous ces points: je crois au final qu'une telle situation (avec une part importante de femmes au foyer) n'est pas tenable a l'echelle d'une population entiere si l'on souhaite atteindre cette egalite, mais cela n'est pas une raison pour denigrer par principe les femmes au foyer qui ont decide de l'etre: elles le font, en theorie en tout cas, en connaissance de cause. Je dis cela, car mon collegue m'a finalement attaquee, sur des "travers" du combat feministe, en ne gardant en tete que les extremes facilement discutables, et la discussion a devie sur ce "rejet" de la femme au foyer. Ce avec quoi je ne suis pas d'accord. Voila pour la digression. Je disais donc, a propos de mon collegue...

Au final, il s'est calme, moi aussi, mais ce que j'ai surtout compris, durant cette conversation, c'est que cette idee de revendications d'egalite des femmes lui faisait peur! Je suis convaincue que cette peur, dans les discussions importantes, est la cle de beaucoup de choses. Comprendre ce qui gene l'autre, ou est le point de blocage qui l'empeche de vous suivre dans votre logique, jusqu'a ce que vous denouiez le noeud. Dire: il faut laisser le choix aux autres de vivre comme ils veulent vivre, sans pression sociale impossible a combattre, mais toi, si tu ne veux pas, eh bien tu n'as qu'a trouver une partenaire de vie qui convienne a tes pincipes, eh bien, la il etait moins refractaire... Si les autres veulent vivre comme cela, en quoi cela te derange, dans la mesure ou toi, tu peux toujours vivre comme tu l'entends... Ca, c'est un bon desamorcage de stress... Le fait, a mon avis, qu'ils se soit dit: "Bon, au final, ca peut ne pas mettre en danger mon monde" a servi clairement a dissoudre le premier rejet categorique. La suite, lui faire partager les principes, c'est un autre combat...

A un moment aussi, il y a eu une vague reference a Dieu, et j'ai aussitot devie, car sinon, on ne s'en sortait plus! ;-) C'est ca le danger, quand on a devant soi des visionnaires de societe... Ils deviennent alors insensibles a l'argument: tu ne seras pas necessairement touche par la vague...

7 commentaires:

  • À 09 mars, 2006 17:40 , Anonymous Anonyme a dit...

    y'a plein d'idées contradictoires qui me viennent en parcourant ta discussion avec ton collègue, je me suis souvenue que bien des années au lycée j'avais fait un exposé sur la peur que la force latente des femmes inspirait aux hommes, je en te raconte pas le débat aprés avec mes caamrades garçons...:) et puis me suis souvenue aussi de mon arrivée à la film industry...le cinéma est un métier d'hommes selon certains et j'ai dû vraiment me battre pour prouver que j'avais ma place ici ...bref bonne fête des femmes à toi :)

     
  • À 09 mars, 2006 18:04 , Blogger Sonia a dit...

    Merci Meriame. Au lycee, a mon avis, les hormones des 2 sexes sont encore en ebullition ;-) et les opinions sur l'autre genre sont plutot empruntees d'affirmation de son propre genre (au final, un jeune ado, je crois, aura plutot tendance a avoir des comportements et reactions dont la logique sous-jacente est d'affirmer le sexe masculin, et vice versa). Par contre, pour l'age adulte et l'entree dans la vie active, je dois t'avouer que personnellement, je n'ai pas vraiment vecu cela, des situations ou je me suis sentie en difficulte du fait que je sois une fille. En Egypte, oui parfois, dans certaines situations de la vie courante (ici il est de normes de separer les sexes, par exemple dans les files d'attente, les gymnases, et autres lieux sociaux... pas partout mais c'est frequent).

    Le pire ici, c'est que les femmes l'acceptent. Mais c'est leur mode d'organisation...

     
  • À 09 mars, 2006 19:14 , Anonymous Anonyme a dit...

    Sonia, j;aurai donne tout pour que tu puisse me raconter cela Live dans mon salon.... Je pense que l'Egyte est juste un concentre de ce que le reste du monde peu penser... He oui ils ont peur de nous... Mais c'est parceque notre role est mal definis au depart... Jai bcp aime ton poste... jairai voulu avoir la meme disucssion...

     
  • À 09 mars, 2006 19:48 , Blogger Sonia a dit...

    La verite Jihane, j'ai trouve cette discussion tres dure... Aussi bien a mener qu'a "supporter", en tout cas a titre personnel. Je m'explique: afin de faire avancer les choses dans la vie courante, on se contente des choses en surfaces: par exemple, tout le monde se dit bonjour, se dit merci, etc... Ce sont un peu les choses de surface, de la vie en societe, car si on se mettait a pinailler sur les moindres details de la vie courante, on ne s'en sortirait plus. Et cela contente tout un chacun, en creant une harmonie generale.

    Maintenant, lorsque tu creuses sur les principes profonds, la vision de la vie, etc... au moyen de discussions semblables a celle que je decris, tu decouvres les choses cachees, et qui ne font pas toujours plaisir a decouvrir. Et c'a ete mon cas, a ce moment ou "la moutarde m'est montee au nez": ce sont des idees qui me degoutent, qui creent en moi un profond malaise, et qui font que je peux mepriser cette personne, et pourtant, je ne peux pas me permettre ca, car une fois de plus, ce que j'appelle les choses de la vie courante doit continuer. Heureusement, a la fin, mon collegue a ete plutot ouvert, m'a ecoutee, en comprenant mon speech, sans necessairement le partager naturellement mais je sentais qu'il faisait gentiment tourner les idees dans sa tete. Mais si nous avions arrete la discussion sur une mauvaise note, je crois que je l'aurais pluto mal vecu...

    C'est pas la meileure des choses, mais a l'heure actuelle, c'est comme ca.

     
  • À 09 mars, 2006 20:24 , Anonymous Anonyme a dit...

    holala ma pov!Moi ce que ça peut me gonfler ce genre de discussions avec des machos!Toujours ressortir les mêmes arguments: lassant à la fin...
    Le pire c'est quand les femmes s'y mettent pour nous enfoncer encore plus.
    Courage ma p'tite:)

     
  • À 10 mars, 2006 12:53 , Anonymous Anonyme a dit...

    Akhg , Sonia ma puce, je HAIS ce genre de "conversation"..ca me fatigue et ne mene nowhere!!!
    good luck

     
  • À 10 mars, 2006 22:13 , Blogger Sonia a dit...

    @ Supertimba ;-) c'est marrant comme une petite phrase "je m'em foutiste" comme la tienne peut au fianl dedramatiser les choses! Non, vraiment, je suis serieuse. Ma nature est de prendre les choses au serieux mais c'est vrai, parfois il faut savoir mettre de la distance avec...

    @ Foulla, moi non plus j'aime pas mais je me demande si ce genre de discussions n'est pas inevitable pour faire avancer les choses, et sensibiliser... Je ne sais pas, mais oui, c'est frustrant...

     

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