Chez Sonia, observations sur mon temps... et dans mon espace aussi

Remarques, observations à propos de ce que j'observe, de ma vie, de ce qui m'entoure, de mes expériences, à travers mes lunettes de Française devenue marocaine...

samedi, novembre 11, 2006

Completement deconnectee

Comme vous le savez peut etre, cela fait maintenant plus de 2 ans que je suis au Caire, debarquee ici suite a une candidature censee faire demarrer ma "carriere".

Aujourd'hui, le bilan humain est assez mitige. Je m'explique. Une experience longue a l'etranger, bien evidemment, est vecue de differentes manieres, en fonction des circonstances de chacune. En ce qui me concerne, il s'agit d'une expatriation choisie, motivee par des raisons que je qualifie de murement reflechies, rationnelles, ayant pese le pour et le contre. Je precise quand meme que, de memoire, au moment du choix a faire, il n'y avait quasiment aucun contre: c'etait plutot l'excitation de la jeunesse qui croit que le monde lui appartient, face a une aventure pas du tout prevue, et qui represente un virage a 90 degres qui sort des chemins deja traces...

Aujourd'hui, je souhaite parler du resultat humain, ou sociologique (a l'echelle d'un seul echantillon) de cette experience. Le resultat peut se resumer a une sensation de deconnection avancee vis a vis des anciens reperes humains, ou bien d'etre un electron libre sans aucune attache. Comme l'avait deja ecrit Supertimba il y a deja plusieurs mois de cela, c'est du Lost in Translation.\, tres difficile a controler.

Deja, a l'origine, je suis moitie-moitie, et des le depart, bien que je considere qe c'est l'une de mes plus grandes richesses, cela n'est pas toujours facile a gerer, cette double appartenance culturelle, par rapport aux autres, d'un cote ou de l'autre. Ensuite, je me suis eloignee, par le temps et l'espace, de ma famille. Nos chemins, involontairement, se sont ecartes l'un de l'autre, et ce ne sont pas les vacances d'au maximum 4 semaines, ni les coups de fil ou l'on vous passe toute la famille au bout du fil, qui reussissent a maintenir le lien, et le partage de sujets communs. Vous voyez de quoi je vous parle? Parfois, un membre de ma famille me parle de sujets familiaux importants, vous savez, quand on vous met a jour sur les derniers developpements d'un sujet (petites querelles inter-familiales, questions d'heritage et autres sujets de type administratif, etc...) et alors je me sens completement a la masse: je n'arrive plus a comprendre comment des choses pareilles se produisent! Et je ressens alors une sorte d'imcomprehension, teintee d'agacement, sur le fait que l'on puisse accorder de l'importance a des details pareils... Mais en meme temps, ma reaction m'inquiete: je perds le lien avec ma famille. Bien entendu, il va sans dire que l'incomprehension est reciproque: il y a maintenant des sujets que je sens ne pas pouvoir partager avec eux, car... ils ne comprennent pas. Je pense par exemple, a toutes mes preoccupations professionnelles, avec mes espoirs, joies et coups de gueule, que je ne peux plus partager car il faut les mettre dans un contexte particulier, le mien, et qui leur est desormais etranger. Mes amis, d'enfance et de plus tard, on est en contact, certes, entre Internet, les visites en coups de vents quand je vais dans l'un de mes 2 pays, mais il y a des choses qui ont ete perdues entre-temps. Oui, il y a toujours ces ami(e)s que vous pouvez voir a n'importe quel moment et vous avez l'impression que vous vous etes a peine vus hier! Mais je ne fais plus partie de leur quotidien, et inversement... Et ca c'est important.

Alors, ici, je suis avec mes amis, qui sont en realite ma famille, mais on est tous pour une bonne part, des "expatries" en transition; on n'est pas chez nous, on sait qu'on est ici pour du temporaire (ce temporaire peut signifier plusieurs annees), et qu'a un moment ou un autre, on sera amenes a se separer les uns des autres... Etrange sensation, qui d'ailleurs renforce l'importance de ces amis, a mes yeux.

Au final, cette sensation de rupture avec mes anciens reperes, en fait ce qu'on appelle des "institutions socialisantes" (famille, amis, entre autres) est plutot destabilisante. Et ce qui destabilise, inquiete...

Quant au travail, je me rends compte qu'il est cense jouer un role preponderant dans ce maintien psychologique du lien. D'autant que dans mon cas, c'est la seule et unique raison pour laquelle je suis ici, au Caire, et pour laquelle, involontairement, j'ai mis en danger mes "liens". Et quand il y a de petits soucis au travail, des insatisfactions et autres frustrations habituelles, ils prennent alors une ampleur exageree. Ce qui n'est pas bon, quand on sait que l'equilibre consiste a ne pas mettre tous ses oeufs dans le meme panier... ;-)

Cela n'est pas evident de gerer, au moyen de la raison et de la conscientisation de etats d'ame, des choses liees au psychologique...

vendredi, novembre 03, 2006

7 mois de vacances... ;-) et pourquoi avez-vous un blog?

Mon dernier post date d'il y a 7 mois... Je ne suis pas tres fiere de ma (non) discipline, mais depuis avril, ma vie ici s'est... acceleree dirais-je, au point que je ne trouvais plus les quelques heures par semaine requises a consacrer au maintien de mon blog... Oh rassurez-vous, rien de bien special, je ne suis pas devenue une super star dans le Hollywood du Caire ;-), ni meme une super business woman dans Ze Company, j'ai simplement ete prise dans le tourbillon d'amis que Jihane m'a laissee en heritage, apres son depart d'ici. Il y a eu egalement le vrai "start" de l'annee au travail qui a eu lieu a la mi-avril, et puis tout un tas de petits evenements qui, les uns lies aux autres chronologiquement, ont rempli ces 7 derniers mois.

Anyway, no big deal, mais si des evenements "notables" de cette periode remontent a la surface, je les partagerai sans aucun doute avec vous au fur et a mesure.

Toujours est-il qu'a l'heure d'aujourd'hui, je me rends compte que je reviens vers mon blog, presque attiree comme par un aimant, car je ressens un besoin de parler, communiquer, m'exprimer, partager. Ce besoin, tres honnetement, je ne l'avais pas ressenti depuis pas mal de temps. A l'origine de la creation de mon blog, aussi, etait une envie d'exterioriser des choses qu'il fallait que j'exteriorise. Tout ceci, sans en avoir pleinement conscience. Et aujourd'hui, apres une phase de calme, je ressens de nouveau ce besoin. Les raisons objectives pour lesquelles je ressens ce besoin sont, bien entendu, plus ou moins claires dans mon esprit, car cela est lie a ce qui se passe dans ma vie au quotidien. Mais de maniere generale, je me pose la question de savoir ce qui amene chacun de nous a ecrire, au plus profond de soi-meme.

Moi, comme je viens de l'ecrire, il y a des choses que j'ai besoin d'"exterioriser": mes observations/ coups de gueuele sur ma vie a Caire (qui sont autant de frictions en terme d'adaptation, en fait), ma condition de jeune femme celibataire et carrieriste prise entre vie professionnelle et vie privee, l'eloignement par rapport a l'entourage proche, reflexions "philosophico-existentielles', etc... et que, pour certaines raisons, je ne reussis pas exterioriser dans ma vie au quotidien... Cela peut etre parce que je ne trouve pas les bonnes personnes avec qui discuter de certains sujets specifiquement, parce que certains sujets me travaillent tres particulierement et que je prefere en discuter dans une sorte d'anonymat relatif au travers du blog, et ne pas les partager avec mes proches...

Et vous, pourquoi ecrivez-vous? En fait, d'une certaine maniere, je m'apercois que je cherche a determiner quelles sont les motivations qui sont generales et communes a tous les bloggeurs, et celles qui sont specifiques a chacun de nous. Pourquoi est-ce que vous ecrivez, alors?