Completement deconnectee
Comme vous le savez peut etre, cela fait maintenant plus de 2 ans que je suis au Caire, debarquee ici suite a une candidature censee faire demarrer ma "carriere".
Aujourd'hui, le bilan humain est assez mitige. Je m'explique. Une experience longue a l'etranger, bien evidemment, est vecue de differentes manieres, en fonction des circonstances de chacune. En ce qui me concerne, il s'agit d'une expatriation choisie, motivee par des raisons que je qualifie de murement reflechies, rationnelles, ayant pese le pour et le contre. Je precise quand meme que, de memoire, au moment du choix a faire, il n'y avait quasiment aucun contre: c'etait plutot l'excitation de la jeunesse qui croit que le monde lui appartient, face a une aventure pas du tout prevue, et qui represente un virage a 90 degres qui sort des chemins deja traces...
Aujourd'hui, je souhaite parler du resultat humain, ou sociologique (a l'echelle d'un seul echantillon) de cette experience. Le resultat peut se resumer a une sensation de deconnection avancee vis a vis des anciens reperes humains, ou bien d'etre un electron libre sans aucune attache. Comme l'avait deja ecrit Supertimba il y a deja plusieurs mois de cela, c'est du Lost in Translation.\, tres difficile a controler.
Deja, a l'origine, je suis moitie-moitie, et des le depart, bien que je considere qe c'est l'une de mes plus grandes richesses, cela n'est pas toujours facile a gerer, cette double appartenance culturelle, par rapport aux autres, d'un cote ou de l'autre. Ensuite, je me suis eloignee, par le temps et l'espace, de ma famille. Nos chemins, involontairement, se sont ecartes l'un de l'autre, et ce ne sont pas les vacances d'au maximum 4 semaines, ni les coups de fil ou l'on vous passe toute la famille au bout du fil, qui reussissent a maintenir le lien, et le partage de sujets communs. Vous voyez de quoi je vous parle? Parfois, un membre de ma famille me parle de sujets familiaux importants, vous savez, quand on vous met a jour sur les derniers developpements d'un sujet (petites querelles inter-familiales, questions d'heritage et autres sujets de type administratif, etc...) et alors je me sens completement a la masse: je n'arrive plus a comprendre comment des choses pareilles se produisent! Et je ressens alors une sorte d'imcomprehension, teintee d'agacement, sur le fait que l'on puisse accorder de l'importance a des details pareils... Mais en meme temps, ma reaction m'inquiete: je perds le lien avec ma famille. Bien entendu, il va sans dire que l'incomprehension est reciproque: il y a maintenant des sujets que je sens ne pas pouvoir partager avec eux, car... ils ne comprennent pas. Je pense par exemple, a toutes mes preoccupations professionnelles, avec mes espoirs, joies et coups de gueule, que je ne peux plus partager car il faut les mettre dans un contexte particulier, le mien, et qui leur est desormais etranger. Mes amis, d'enfance et de plus tard, on est en contact, certes, entre Internet, les visites en coups de vents quand je vais dans l'un de mes 2 pays, mais il y a des choses qui ont ete perdues entre-temps. Oui, il y a toujours ces ami(e)s que vous pouvez voir a n'importe quel moment et vous avez l'impression que vous vous etes a peine vus hier! Mais je ne fais plus partie de leur quotidien, et inversement... Et ca c'est important.
Alors, ici, je suis avec mes amis, qui sont en realite ma famille, mais on est tous pour une bonne part, des "expatries" en transition; on n'est pas chez nous, on sait qu'on est ici pour du temporaire (ce temporaire peut signifier plusieurs annees), et qu'a un moment ou un autre, on sera amenes a se separer les uns des autres... Etrange sensation, qui d'ailleurs renforce l'importance de ces amis, a mes yeux.
Au final, cette sensation de rupture avec mes anciens reperes, en fait ce qu'on appelle des "institutions socialisantes" (famille, amis, entre autres) est plutot destabilisante. Et ce qui destabilise, inquiete...
Quant au travail, je me rends compte qu'il est cense jouer un role preponderant dans ce maintien psychologique du lien. D'autant que dans mon cas, c'est la seule et unique raison pour laquelle je suis ici, au Caire, et pour laquelle, involontairement, j'ai mis en danger mes "liens". Et quand il y a de petits soucis au travail, des insatisfactions et autres frustrations habituelles, ils prennent alors une ampleur exageree. Ce qui n'est pas bon, quand on sait que l'equilibre consiste a ne pas mettre tous ses oeufs dans le meme panier... ;-)
Cela n'est pas evident de gerer, au moyen de la raison et de la conscientisation de etats d'ame, des choses liees au psychologique...
Aujourd'hui, le bilan humain est assez mitige. Je m'explique. Une experience longue a l'etranger, bien evidemment, est vecue de differentes manieres, en fonction des circonstances de chacune. En ce qui me concerne, il s'agit d'une expatriation choisie, motivee par des raisons que je qualifie de murement reflechies, rationnelles, ayant pese le pour et le contre. Je precise quand meme que, de memoire, au moment du choix a faire, il n'y avait quasiment aucun contre: c'etait plutot l'excitation de la jeunesse qui croit que le monde lui appartient, face a une aventure pas du tout prevue, et qui represente un virage a 90 degres qui sort des chemins deja traces...
Aujourd'hui, je souhaite parler du resultat humain, ou sociologique (a l'echelle d'un seul echantillon) de cette experience. Le resultat peut se resumer a une sensation de deconnection avancee vis a vis des anciens reperes humains, ou bien d'etre un electron libre sans aucune attache. Comme l'avait deja ecrit Supertimba il y a deja plusieurs mois de cela, c'est du Lost in Translation.\, tres difficile a controler.
Deja, a l'origine, je suis moitie-moitie, et des le depart, bien que je considere qe c'est l'une de mes plus grandes richesses, cela n'est pas toujours facile a gerer, cette double appartenance culturelle, par rapport aux autres, d'un cote ou de l'autre. Ensuite, je me suis eloignee, par le temps et l'espace, de ma famille. Nos chemins, involontairement, se sont ecartes l'un de l'autre, et ce ne sont pas les vacances d'au maximum 4 semaines, ni les coups de fil ou l'on vous passe toute la famille au bout du fil, qui reussissent a maintenir le lien, et le partage de sujets communs. Vous voyez de quoi je vous parle? Parfois, un membre de ma famille me parle de sujets familiaux importants, vous savez, quand on vous met a jour sur les derniers developpements d'un sujet (petites querelles inter-familiales, questions d'heritage et autres sujets de type administratif, etc...) et alors je me sens completement a la masse: je n'arrive plus a comprendre comment des choses pareilles se produisent! Et je ressens alors une sorte d'imcomprehension, teintee d'agacement, sur le fait que l'on puisse accorder de l'importance a des details pareils... Mais en meme temps, ma reaction m'inquiete: je perds le lien avec ma famille. Bien entendu, il va sans dire que l'incomprehension est reciproque: il y a maintenant des sujets que je sens ne pas pouvoir partager avec eux, car... ils ne comprennent pas. Je pense par exemple, a toutes mes preoccupations professionnelles, avec mes espoirs, joies et coups de gueule, que je ne peux plus partager car il faut les mettre dans un contexte particulier, le mien, et qui leur est desormais etranger. Mes amis, d'enfance et de plus tard, on est en contact, certes, entre Internet, les visites en coups de vents quand je vais dans l'un de mes 2 pays, mais il y a des choses qui ont ete perdues entre-temps. Oui, il y a toujours ces ami(e)s que vous pouvez voir a n'importe quel moment et vous avez l'impression que vous vous etes a peine vus hier! Mais je ne fais plus partie de leur quotidien, et inversement... Et ca c'est important.
Alors, ici, je suis avec mes amis, qui sont en realite ma famille, mais on est tous pour une bonne part, des "expatries" en transition; on n'est pas chez nous, on sait qu'on est ici pour du temporaire (ce temporaire peut signifier plusieurs annees), et qu'a un moment ou un autre, on sera amenes a se separer les uns des autres... Etrange sensation, qui d'ailleurs renforce l'importance de ces amis, a mes yeux.
Au final, cette sensation de rupture avec mes anciens reperes, en fait ce qu'on appelle des "institutions socialisantes" (famille, amis, entre autres) est plutot destabilisante. Et ce qui destabilise, inquiete...
Quant au travail, je me rends compte qu'il est cense jouer un role preponderant dans ce maintien psychologique du lien. D'autant que dans mon cas, c'est la seule et unique raison pour laquelle je suis ici, au Caire, et pour laquelle, involontairement, j'ai mis en danger mes "liens". Et quand il y a de petits soucis au travail, des insatisfactions et autres frustrations habituelles, ils prennent alors une ampleur exageree. Ce qui n'est pas bon, quand on sait que l'equilibre consiste a ne pas mettre tous ses oeufs dans le meme panier... ;-)
Cela n'est pas evident de gerer, au moyen de la raison et de la conscientisation de etats d'ame, des choses liees au psychologique...